Al Masa la nouvelle capitale égyptienne. Reportage publié dans Paris-Match le 28/01/21 

Bienvenue à Al Masa, Le Diamant en arabe. C’est ainsi que le maréchal président Abdel Fattah Al-Sissi a choisi de baptiser ce qu’il espère être le joyau de son règne : une oasis de béton surgie en plein désert sur 700 kilomètres carré (soit 7 fois Paris intra-muros) censée devenir la nouvelle capitale administrative du pays. Un rêve à l’égyptienne comme en eurent, en leur temps, les plus grands pharaons. Celui d’une cité hors norme, vaisseau-amiral d’un empire déchu auquel son maître actuel veut redonner puissance et gloire. Al Masa, où seront regroupés ministères et institutions étatiques, doit incarner le renouveau de l’Egypte. Une ville plus moderne, plus propice au business, plus fonctionnelle et surtout plus facile à contrôler, car les militaires au pouvoir vivent dans la hantise d’une nouvelle insurrection. Priver le Caire des hauts lieux de décision revient à le déposséder de son rôle politique et administratif. Aux yeux de ses détracteurs, qui par dérision l’ont déjà baptisée « Sissi-City », cette ville est une hérésie en matière environnementale. Elle pourrait bien devenir une enclave dorée réservée à une élite égyptienne, dont les intérêts recoupent bien souvent ceux du pouvoir en place. Seul l’avenir nous dira si cette Babylone tant rêvée n’est pas un mirage de plus en plein désert.